Autres considérations sur le moi humain

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Autres considérations sur le « moi » humain

 

Le « moi » est conçu à partir de tout et de rien. On y retrouve la génétique, l’éducation, l’enseignement et une foule de processus mentaux hérités de tiers. Autant dire que le « moi » est fait de tout, sauf de « qui nous sommes vraiment. » D’ailleurs, il n’est même pas « à nous », puisque son contenu est rarement « pour nous » (à notre avantage.) Avec le temps, et si la personne est assez intelligente et surtout, observatrice, le contenu hétéroclite du « moi » est remplacé par nos propres idées, concepts, croyances, etc.

Mais ajouter un peu de soi ne supprime en rien tout ce qui n’est pas originaire de ce « moi ». Ainsi, même lorsque nous croyons être bien « nous », nous ne sommes, au mieux, que la moitié de nous ou, du moins, la moitié d’un « moi » qui soit vraiment à nous. Autant dire qu’une large part reste à supprimer afin de libérer le « moi » légitime, lui donner plus d’aisance et d’amplitude. Une fois que tout ce qui apparaît en grisé, à la vue spirituelle, est supprimé, sommes-nous pour autant si libre que cela ?

Hélas non ! Non, parce que parmi ce qui nous apparaît comme étant « blanc » ou lumineux dans un « moi », toujours à la vue spirituelle, il existe des idées ou des décisions qui, même si elles sont de nous, ne sont pas pour autant « pour nous » (à notre avantage.) Cela provient du fait que ce qui est bien de nous est souvent originaire de notre enfance et découle d’un mode de raisonnement qui est loin d’être des plus matures.

Par exemple, à l’âge de sept ans, un enfant réalise que lorsqu’il est malade, tout le monde, autour de lui, lui prête bien plus d’attention, voire lui passe certains de ses caprices, chose impensable en temps ordinaire. Alors cet enfant de sept ans va initialiser un protocole intérieur dont le contenu pourrait ressembler à ce qui suit : « Si je suis malade, on s’occupe plus de moi, on m’aime plus, on me passe mes caprices. Je dois donc être malade lorsque je désire être choyé et obtenir toute l’attention que je désire. »

Et comme le subconscient raisonne par déduction et par association d’idées, il aura vite fait d’en arriver à cette version plus élaborée : «  Il faut que je sois malade souvent (rythme) et longtemps (durée), afin que je reçoive ce qui me procure le plus de plaisir. » Ici, de l’attention accrue et un niveau d’indulgence particulier. Les années passant, si aucune contre-indication ne vient troubler cette instruction mentale d’origine, même l’adulte se retrouvera toujours sous l’égide de cette loi secondaire (ou loi de l’âme.)

Et à l’évidence, même si, de prime abord, l’idée semblait séduisante jadis, il n’en est certainement pas de même une fois la personne rendue à l’âge adulte et ne comprenant pas pourquoi elle est souvent malade et aussi, pourquoi ses maladies, bénignes ou graves, durent si longtemps. L’idée à retenir, ici, c’est que ce conditionnement mental peu heureux installé durant l’enfance, appartient effectivement au « moi », qui était celui de l’enfant et qui, à présent, est celui de l’adulte.

Mais pour autant, on ne peut pas affirmer que ce dernier soit utile ou positif. Pourtant, à la vue spirituelle, cette partie du « moi » apparaitra comme étant lumineuse, à savoir comme appartenant effectivement au « moi ». Pour un psychiste même expérimenté, cela pourra être pris pour une partie saine de l’âme qu’il ne faut en aucune façon remettre en question. Et encore moins supprimer !

On vois donc qu’il peut exister de l’ombre au sein même de la lumière, si cette dernière bien que parfaitement nôtre, n’est pas pour autant « pour nous » ou à notre avantage.

 

Serge Baccino