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Un sentiment de culpabilité feint et exprimé en présence d’un tiers, serait-il un moyen supplémentaire de manipuler nos proches ? Apparemment, cette seule idée devrait nous révolter, et pourtant ! Mais si cette méthode existe, nonobstant nos divers états d’âme, ne devrions-nous pas nous instruire à son sujet, ne serait-ce que pour vérifier si nous n’en faisons pas nous-mêmes les frais ? La psy éso nous enseigne que peu importe si la vérité peut s’avérer cruelle, blessante, traumatisante ou seulement perturbante : si on décide de nier ce qui est, sous prétexte que ça ne correspond pas à notre vision idéale des choses et des êtres, alors nous sommes en danger. En danger de nous abuser nous-mêmes, tout d’abord, puis d’aider les autres à le faire encore mieux puisque avec notre aide voire notre bénédiction ! Que pouvons-nous dire au sujet de cette méthode qui se sert de la culpabilité pour parvenir à certaines fins peu recommandables ?
Et d’abord, en quoi le fait de culpabiliser pourrait nous permettre d’influencer les autres à leur insu ? Pour répondre à ces questions, il faut partir d’une prémisse correcte et qu’il vaut mieux ne pas sous-estimer. Cette prémisse se résume au fait que, en l’occurrence, le sentiment de culpabilité est FEINT et non sincère et honnêtement ressenti. Ce qui change immédiatement la donne et induit les résultats du jeu avant même que ne débute la partie. Très bien, mais en quoi le fait de feindre la culpabilité pourrait-il nous être utile et s’avérer efficace ? Et efficace pour… Quoi ?
La réponse est évidente, surtout si on se souvient que la personne lambda n’a aucune envie de changer ni d’ailleurs assez de force et de volonté pour le faire ! N’étant pas disposée à changer ou à évoluer seulement, dans le domaine du relationnel, il devient alors bien plus aisé de comprendre l’importance d’une culpabilité feinte et renouvelable à volonté. Prenons un exemple concret.
Monsieur et Madame Comgeteplin ont un enfant de 17 ans qui est d’une rare fainéantise et qui n’a aucune envie de s’adapter à la vie sociale, professionnelle ou même familiale. Pour lui, vivre se résume à manger, dormir, jouer à la console de jeu sur la télé du salon et râler lorsque son jean dont la fermeture éclair touche ses genoux, n’est pas propre à temps pour sortir avec ses potes et aller se souler dans un bar jusqu’à vomir sur le comptoir. Un jeune homme moderne, très cool et ordinaire, en somme. Cet authentique spécimen d’humanité laborieuse, on va le nommer Stephen (sa mère adore les feuilleton américains, que voulez-vous.)
Stephen en a vraiment ras le bol de s’entendre dire qu’il doit changer, évoluer, faire des efforts, s’adapter ou pire que tout, qu’il doit aussi « penser aux autres » (Mais quelle horreur !) Même si les diverses tentatives plus ou moins adroites pour le faire réagir ont échouées (tenter de faire appel à sa fierté, à sa pitié ou encore essayer de lui faire honte, etc.) ses parents continuent à lui mettre la pression pour essayer de réformer son comportement jugé inadmissible. Les parents sont si exigeants, que voulez-vous !
Stephen a remarqué un jour une chose : les gens qui se croient intelligent et évolués, ont une peur bleue de ne pas assumer dans leurs rôles d’hommes et de femmes dignes de ce nom. Et quand ils réalisent leur échec en ce domaine, ils se mettent à culpabiliser comme des malades et cela, au point de faire presque pitié. Alors une lueur de quasi intelligence apparait dans le regard bovin de Stephen : il va faire semblant de culpabiliser à la moindre faute pour voir ce que ça donne. Le lendemain, sa mère lui fait des remontrances dès le petit déjeuner, qu’il prend chaque jour de bonne heure, c’est-à-dire entre onze heures trente du matin et treize heures de l’après-midi.
Mais voici un changement inattendu dans le comportement de Stephen ! Ce dernier baisse la tête et assure à sa mère qu’il a honte de son comportement, qu’il culpabilise un max et qu’il lui promet de tout faire pour mériter son amour et son respect. Prise de court, la mère lui bredouille qu’il est inutile qu’il culpabilise et qu’elle l’aime comme il est, car il est son fils. Elle lui demande juste de faire de son mieux à l’avenir, chose que le morv… son fils s’empresse de lui promettre.
Stephen se précipite dans sa chambre, ferme la porte et jubile comme un malade : « Yessssssssssssss ! ça marche, je lui ai fait fermer sa yeule à le tepu ! » (traduit du Djeun moderne.) Que s’est-il passé, au juste ? Il s’est passé ceci :
En faisant mine de culpabiliser et en aggravant le problème, au lieu de le nier ou de s’en défendre, une personne assez adroite et manipulatrice, pourra ainsi forcer les autres à relativiser ou à minimiser l’erreur ou la faute commise.
En effet, qui serait assez lâche pour frapper une personne à terre, qui avoue humblement sa défaite et promet de s’amender ? Hum ? La technique en elle-même est imparable autant que diabolique. Et sauf cas exceptionnel, elle fonctionne à tous les coups et sur tout le monde. Résultat, les autres vont non seulement se calmer et cesser de mettre la pression pour obtenir ce qu’ils désirent mais de plus, ils vont eux-mêmes revoir leurs attentes à la baisse ou même considérer qu’ils ont atteint leur but : faire changer d’avis l’autre, lui faire promettre de changer. Voyez-vous où peut mener le vice humain ? Il peut aller jusqu’à détourner un sentiment authentique et en faire une arme efficace contre tous ceux qui ont un peu de cœur et qui se disent raisonnables. Voilà en résumé comment se présente cette méthode de manipulation. Son but est double (comme tout.)
1. Le premier et le plus important : Ne pas avoir à changer, en fin de compte. (Culpabiliser devient récurrent et fait office de transformation intérieure, de promesse de devenir, en somme.)
2. Faire diminuer voire cesser la compulsion d’autrui, de ceux qui désirent nous voir changer et qui n’ont de cesse de nous encourager en ce sens (Une manière efficace de les faire taire, en gros.)
Et si ça marche ? Eh bien l’âme gagne une chose assez terrible : elle se prive du plus sûr moyen d’être aiguillonnée pour avoir un jour l’envie, la volonté et la force d’évoluer. Cette technique est anti-évolutive ou anti-karmique, si je puis dire ! En effet, lorsqu’une personnalité l’emploie, sa vie devient contreproductive, car elle se coupe du Courant animique et ne peut plus compter sur la force d’opposition, l’une des plus puissantes et capables d’induire de véritables et durables transformations en l’âme humaine. Bref, avec cette technique de manipulation, une personne flingue définitivement (pour une vie) sa propre évolution et « loupe » du même coup sa mission terrestre en cours. Excusez du peu ! Mais là n’est pas le plus grave, hélas ! Car après-tout, chacun est libre de se flinguer d’un point de vue spirituel, si cela lui fait plaisir.
Toutefois, attendu qu’une telle technique nécessite l’accord tacite -même si inconscient- d’une ou de plusieurs autres personnes (celles qui se font leurrer, donc), ces mêmes personnes se retrouvent alors mêlées à cette aventure et doivent en partager la responsabilité karmique (le fait de partager un état d’esprit identique ou complémentaire en d’en vivre le contenu formel.)
Vous mesurez mieux le problème, là ? Si vous désirez disserter sur ce sujet ou poser des questions, je suis à votre disposition. Souvenez-vous, néanmoins, que la psy éso ne considère pas cette notion de « Karma » de la même manière que ce que j’appelle » l’ésotérisme industriel » !
Serge Baccino