La faute à qui ?

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La faute à qui ?

 

On dit qu’il est difficile de changer voire d’évoluer seulement. Une des principales raisons vient du fait que tels que nous sommes, cela nous arrange bien ! Être déjà est bien moins fatiguant que devenir, tout le monde sait ça ! D’autant que notre vécu est en grande partie basé sur ce que nous avons pu vivre « grâce aux autres » et, bien sûr, ce que nous n’avons pas pu vivre « à cause des autres. » Notre éducation nous a rendue dépendants d’autrui, ne serait-ce que pour obtenir ce dont nous avons besoin, désirons ou même, convoitons.

Forcément, avec le temps, et à force de devoir satisfaire aux caprices des uns et des autres, qui se vengent en passant de leurs propres dépendances, nous en sommes arrivés à la conclusion logique que sans les autres, nous ne valons rien, ne pouvons rien et, en fait, n’avons aucune existence propre.

 

Mais cette conclusion n’est pas consciente : c’est le subconscient en nous, qui l’a fait pour nous et à notre place, entérinant ainsi une « loi » de l’âme (ou loi secondaire) ressemblant fort à la nécessité de l’enfance, période durant laquelle dépendre d’autrui était chose aussi commune que naturelle. Le subconscient est un excellent serviteur, mais tout comme l’esprit, il est un très mauvais maître ! Jugez plutôt : tout ce qu’il entérine et transforme ensuite en lois, en fait en Mémoires vivantes, il l’inscrit dans le Registre de nos cellules au présent. Par exemple, à six ans vous avez eu très peur d’un groupe de femmes quelconques, le subconscient inscrit (ou mémorise) de la sorte : « J’ai très peur des femmes ! »

Notez bien qu’il ne l’inscrit pas en tenant compte de l’époque (votre âge) ni du lieu, rendant ainsi cette affirmation relative, car très ponctuelle : il l’inscrit au présent et en général ! Plus tard, chaque fois que vous croiserez un groupe de femmes, même si vous avez cinquante années de plus, vous ressentirez de la peur ou, à tout le moins, un malaise. Autrement dit, Mémoires et subconscient ne tiennent pas compte du temps qui passe.

 

Aussi bizarre que cela puisse paraître de prime abord, souffrir ou avoir souffert à cause des autres et réussir grâce aux autres sont toutes deux choses RASSURANTES. Cela parce que dans les deux cas, la responsabilité de la personne n’est pas engagée ! Rien ne fait plus peur à un peuple que de devenir libre, voyez-vous ? (Sinon, observez les français.) Pourquoi cela ? Parce qu’être libre sous-entend agir sous sa propre, entière et unique RESPONSABILITÉ ! Or, le français, pour ne parler que de lui, a horreur de se sentir responsable ! Il est si habitué à ce petit confort mental qui commence à sentir la naphtaline, qu’il ne réalise même pas le lien qui existe entre LE POUVOIR et la responsabilité. Un « détail » qui n’a pas échappé à ceux qui désirent réussir dans la vie et, bien sûr, à tous ceux qui se précipitent aux postes clefs gouvernementaux et légaux. Mais voyons plutôt en quoi la responsabilité va de pair avec le pouvoir, si vous le voulez bien.

 

Imaginons, pour aller au plus simple, que vous souffriez moralement « à cause » d’une tierce personne. On va dire que vous souhaitez qu’une personne précise vous aime ou vous accepte tel que vous êtes, mais que cette dernière refuse de satisfaire cette attente. Question : que pouvez-vous faire pour que cette souffrance cesse ? Réponse : Vous ? Mais rien, voyons ! Vous dépendez du bon vouloir de la seconde personne et êtes donc à la fois sous sa domination psychologique et tributaire de ses sautes d’humeurs, en plus de l’être de votre schéma de dépendance affective à autrui.

Eh bien oui, n’est-ce pas ? N’étant pas à l’origine de cette souffrance, son pouvoir sur elle vous échappe. Il appartient donc à la personne que vous désignez comme responsable à votre place ! On le voit donc clairement ici que pour être libre, il faut être responsable et c’est ce désir de le devenir enfin qui offre tout pouvoir à l’être humain. Du moins, tout pouvoir sur sa propre vie s’entend !

 

Quant au fameux « pouvoir sur autrui », il s’agit bien là d’une magnifique illusion d’optique ! En effet, que diriez-vous d’une personne faible qui aurait la chance de tomber sur bien plus faible qu’elle ? La décrèteriez vous « forte » ou plus forte que la première ? Une faiblesse nous rendant fort est-elle une force ou une autre forme de faiblesse à son tour ? Celui qui a BESOIN de se sentir fort est aussi faible que celui qui deviendra sa probable victime, car tous deux ont besoin de l’autre pour se faire exister ou, du moins, pour s’en donner l’apparence. C’est exactement le même problème que celui du bourreau et de sa victime. La victime a besoin de ne jamais avoir à assumer, que ce soit ses faiblesses avérées ou ses forces supposées. Le bourreau quant à lui a besoin d’oublier sa propre faiblesse aux côtés d’un plus faible que lui. Bourreau et victime sont en fait toutes deux victimes de leur faiblesse attitrée. L’un sans l’autre sont perdus, raison pour laquelle ils ne se perdent jamais de vue !

 

En psychologie ésotérique ou « Psy éso », pour faire court, il est enseigné que pour devenir libre et fort, il faut redevenir responsable de tout. Il faut se précipiter, même, pour prendre la place peu enviée de responsable. Non pas celle qui consiste à commander les autres en abusant peu ou prou de ce type de prérogatives, mais plutôt en comprenant que d’être responsable de sa propre vie revient à en reprendre le contrôle total. Une forme de contrôle qui n’a plus rien à voir avec celle qui consiste à « être dans le contrôle », car ce mode-là revient simplement à sur-intellectualiser notre vie, de peur de devoir la vivre ! (Ce qui est une lourde responsabilité, vous pensez bien !)

Sans compter que chercher à prendre le contrôle de la vie des autres, alors que l’on s’avère incapable de conduire correctement la sienne, est au moins farfelu, pour demeurer poli.

 

Alors nous connaissons désormais ce qu’il convient de faire, non pas avec la langue seulement (affirmations gratuites) ou avec le clavier (écrit pontificaux sur Facebook ou autre) mais en vérité et dans notre vie de tous les jours. Nous sommes tous responsables de nos actes, de nos paroles et même, de notre état d’esprit, car c’est ce dernier qui conduit notre vie et nous dicte notre conduite. À propos de conduite, avez-vous notez que les gens conduisent de plus en plus mal, qu’ils coupent tous les virages à gauche et se conduisent comme s’ils étaient seuls au monde et que la vie d’autrui leur soi indifférente ? Plus ça ira et plus il sera aisé de savoir si une personne est évoluée ou si elle se comporte comme un porcelet ayant sauté un Règne un peu trop vite. Pour cela, il vous suffira d’observer les gens et tout, en eux, vous affirmera très clairement ce qu’ils sont ou ce qu’ils s’imaginent être, en définitive.

Et ce ne peut être quelque chose de valorisant, car quant on a vraiment une opinion saine et valorisante de soi, on prend soin de son comportement ou mieux encore, c’est notre comportement qui prend soin de nous. Ou qui prend le soin de nous expliquer aux autres !

 

Serge Baccino