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La vie pendant la vie
Jadis, on parlait volontiers de « la vie après la mort. » Puis ce fut « la vie après la vie » et je ne doute pas que d’autres expressions ne viennent remplacer les anciennes, au fur et à mesure du temps qui passe. Du temps qui passe ? Et si c’était ça, le vrai, le seul problème, nous empêchant de correctement appréhender « comment c’est de l’Autre-Côté du Voile d’Isis » ? Et si c’était une affaire de « temps », voire de banale conjugaison ? Mais commençons par « conjuguer nos talents » pour voir si, ensemble, nous pouvons définir une expression plus claire et surtout, moins laborieuse (ou limitatrice) concernant cette forme de vie qui est censée se produire « après » notre présente vie physique ou « dans la chair. »
Nous partons presque tous du principe dit « linéaire » du temps qui passe, alors que c’est simplement notre conscience qui « se déroule », en passant d’un objet d’attention à un autre. Ce phénomène de déroulement de l’attention mentale, provient donc du fait que notre prise de conscience objective est séquentielle, puisqu’elle ne peut pas tout appréhender en même temps (ou plusieurs choses à la fois) et se doit de passer d’un point d’attention mentale à un autre. Et pendant ce temps qui passe, nous croyons que la vie se résume à une succession d’évènements, alors qu’elle consiste en une succession de prises de conscience. Ce qui est très différent !
Dans le premier cas, la vie nous limiterait effectivement, nous obligeant à conserver, une vie terrestre durant, une manière séquentielle de prendre conscience de tout ce qui existe déjà, de tout ce qui est déjà en place, mais que nous n’avons pas encore rendu conscient pour nous. Dans le second cas, ce n’est plus la vie qui nous pose des limites, mais notre mental, incapable de se concentrer sur plus d’une seule chose à la fois. Ces séquences sont donc relatives à notre conscience et si ce n’est pas elle qui est limitée, c’est au moins notre mental, voire notre besoin irrépressible de prendre le temps de comprendre tout ce que nous rencontrons, de peur de rater quelque chose.
De fait, il semble presque logique que nous placions à la suite de la présente vie, une forme de vie distincte se positionnant apparemment « après » la mort, ne serait-ce que celle de cette forme charnelle avec laquelle nous faisons corps (à laquelle nous sommes liés, donc.) Car à l’évidence, pour qu’il y ait une vie « après » celle nous servant de référence (l’actuelle), encore faut-il que nous puissions en avoir conscience ! Sinon, comment savoir que nous sommes « en vie » ? Cela dit, si nous étions « mort pour de vrai », nous ne pourrions pas en prendre conscience, attendu que nous serions alors mort sans en avoir été informé… Ensuite. Ce qui serait fâcheux, pour ne pas dire vexant. Bien que pour être vexés… Mais laissons cela.
A présent, et afin de tenter d’aligner notre vécu personnel sur la Grande Vie, je vous propose de réfléchir à ce qui suit. Pensez-vous vraiment que l’Après-Vie, comme disent les spiritualistes, ne se mette à exister qu’au moment de la mort de notre corps ? Si oui, alors il s’agit bien d’une APRÈS vie, c’est-à-dire d’une chose succédant à un état précédant. Autant dire que nous aurions vraiment deux états successifs, le second arrivant en toute logique après le dernier et le remplaçant. Mais est-ce vraiment ainsi que les choses se passent ? La vie dans l’Au-Delà se met-elle à se produire juste à la suite de notre trépas ?
A moins que l’Au-Delà soit effectif ou présent EN CE MOMENT MÊME et que ce soit une limite propre à la chair qui nous oblige à ne vivre qu’une seule forme de réalité à la fois… Dans ce cas et par exemple, il n’existerait pas une vie succédant à une autre mais un changement dans notre manière de percevoir Le Vivant. Ce qui nous autoriserait à penser qu’en vérité, il n’existe qu’une seule Vie, pour tous, que son contenu est simultané, mais que nous avons besoin de quitter définitivement « quelque chose » formant une limite, pour prendre conscience d’autre chose que ce que nous connaissons pour le moment. Et ce que nous connaissons, pour le moment, c’est cette forme de conscience relative au sens et à leurs objets, que nous nommons, fort à propos d’ailleurs, la conscience objective.
Essayons de faire le point et de ne pas nous embrouiller l’esprit. Pour cela, prenons un exemple simple mais surtout, rassurant, puisque emprunté à la vie telle que nous la connaissons pour le moment. J’allais écrire « la seule vie que nous puissions connaître et expérimenter, pour le moment », mais partant, cela reviendrait pour moi à renier tout ce qu’il m’a été donné de vivre depuis trente-huit ans. Voici cet exemple simpliste au possible. Imaginons que vous deviez quitter la France pour vous rendre à New-York. Pour cela, vous allez prendre l’avion. Pourriez-vous affirmer, sans pouffer de rire, que lorsque vous aurez quitté le sol français, le sol américain va commencer à se dessiner, pour vous et afin que votre avion puisse y atterrir ?
Il y a peu de chance, n’est-ce pas ? De même, en quittant le sol américain pour revenir en France, vous ne devriez pas vous questionner pour savoir si la France existe toujours, depuis votre départ de son sol.
Il en va de même pour ce qui ne saurait être « l’après » vie, attendu que de vie, il n’y en a qu’une seule pour tous. Une seule, certes, mais si incommensurable, si illimitée, que nous ne pouvons pas faire autre chose ni autrement que ce que font les voyageurs d’un train express quittant une gare en direction d’une autre. Ils voyagent d’un seul trait, mais peuvent être conscients de chacune des étapes, même si le train poursuit sa voie et ne s’arrête à aucune gare. Il n’y a pas une création de gare au fur et à mesure que le train avance : toutes les gares existent déjà, mais aucun voyageur ne peut en prendre conscience en une seule fois, juste une seule à la fois et parce que l’un de leurs sens le leur permet.
Il est clair que POUR NOUS, il peut sembler que la vie terrestre doive cesser pour qu’apparaisse une autre tranche de vécu. Mais que nous ayons un corps ou que nous n’en ayons pas, la vie est Une, indivisible et ne saurait se contenter d’étapes ou de tranches successives. Force nous est d’en arriver à la conclusion logique que tout comme nous pouvons quitter la France pour rejoindre le sol américain, cela, parce que ce second sol existe EN CE MOMENT et non « ensuite », « après » ou « plus tard », de même, nous pouvons passer d’une prise de conscience générale à une autre, cela parce que toutes les prises de conscience possibles et imaginables, sont déjà rendues manifestes et cela, en simultané. Tout le Vivant est là, disponible et attendant d’être vécu.
En ce moment même, des êtres qui vous aiment mais que vous ne connaissez sans doute pas encore, vous attendent avec impatience. Ils attendent que vous quittiez ce Manteau de chair qui vous coupe d’une véritable Vision des êtres et des choses. Une vision simultanée ou presque, vous permettant de réaliser que « après », c’est déjà maintenant. Alors, nous allons faire un marché, si vous le voulez bien. Vous qui avez lu, lisez et lirez ce texte, engagez-vous à ne plus jamais dire « après la vie » ou « après la mort » mais seulement… Pendant La Vie. Chiche ? Vous me suivez ? En aurez-vous l’audace ?
C’est ce que nous verrons, d’ici quelques années, car si seulement cents personnes acceptent ce deal, d’ici huit à douze ans, des millions de gens auront repris cette formulation d’une chose qui a toutes les formes et pourtant, aucune d’entre elles.
Serge Baccino