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Le sentiment de valeur et les autres
Le sentiment de valeur est basé sur une chose inculquée mais fausse et ce, dès le départ. Enfant, on nous programme de la sorte sans même le vouloir ou le savoir : « Si tu fais ceci, tu es quelqu’un qui plaît aux autres mais si tu fais cela, tu ne plairas jamais à personne. » Il nous est donc clairement signifié que nous devons plaire à autrui, ne serait-ce qu’à nos géniteurs. Mais ensuite, nous devrons plaire à nos professeurs, à nos employeurs, à notre conjoint, etc. Une fois installé, le virus est impossible à déceler et donc, à éradiquer.
Ainsi et dès le départ, le sens (ou le sentiment) de notre valeur est basée sur le fait de réussir à PLAIRE A AUTRUI ou bien à lui déplaire. Déplaire à autrui ayant moins de valeur que de lui plaire (obtention ou non de certains avantages.) En fin de compte et après des années, nous en arrivons à juger nous-mêmes IMPORTANT de plaire aux autres. Ne serait-ce que pour réussir à obtenir ce que nous attendons d’eux, habitués que nous sommes, depuis toujours, à DÉPENDRE (au moins) de papa-maman. Ou pour avoir la paix, etc.
Les fondements même de la dépendance à autrui reposent donc sur ce besoin de plaire aux autres afin d’obtenir leurs faveurs, voire le nécessaire. Au départ, avions-nous d’autre choix et de toute manière ? La réponse est hélas sans appel : Non ! Bien sûr que non ! Mais cela serait de moindre gravité si, au passage, le subconscient n’avait pas établi quelques fâcheux « raccourcis » à la fois déductifs et associatifs ! En effet, si c’est de notre capacité à répondre aux attentes des autres que découle la valeur de nos actes, autant dire qu’à son tour, NOTRE VALEUR dépend entièrement de notre capacité à plaire aux autres ! Et du même coup, ce ne sont plus nos actes qui ont une certaine valeur, mais nous, qui avons de la valeur ou pas ! Résultat, nous commettons une erreur de jugement et établissons une habitude des plus fâcheuses.
L’erreur de jugement consiste à CROIRE que nous devons INDÉFINIMENT satisfaire aux attentes d’autrui afin de réussir à « leur plaire. » N’oublions pas que plaire revient non seulement à obtenir tout ce dont nous avons le plus besoin, mais également, à être reconnu et donc, apprécié, et surtout, surtout : aimé !
L’habitude, désastreuse s’il en est, est de CROIRE que notre valeur personnelle dépend exclusivement de notre capacité à répondre aux attentes d’autrui et donc, à leur plaire. Notre capacité devient donc sujette à caution si nous ne parvenons pas à plaire (satisfaire les autres.) Cette situation étant ingérable plus tard et pour un adulte, à force de continuer à vivre sous ce genre de loi animique dévoyée, on en arrive non pas à « ne plus s’aimer », mais à ne jamais réussir à le faire. D’ailleurs, pourquoi diable devrions-nous aimer cette « prostituée intime » qui ne sait plus à qui se vendre pour se faire aimer ?
Enfin, comme la valeur a été placée sur nos actes et sur leur qualité (satisfaire ou non autrui), nous ne réussissons même plus à savoir ce que pourrait bien signifier « avoir de la valeur soi-même. » Alors nous tentons de réaliser « des exploits », à l’extérieur et sous le Regard inquisiteur des critiques, de ceux qui eux, ont définitivement renoncé à plaire. Et nous nous épuisons en vain. La valeur n’a jamais été dans l’acte mais dans la Nature Intrinsèque de celui qui s’épuise à les collectionner dans l’espoir immature de PLAIRE aux autres, faute de n’avoir réussi à se plaire à lui-même.
Mais comment réussir à « se plaire à soi-même » ? Déjà, en cessant de vouloir plaire aux autres. Ensuite, en cessant de croire que ce sont nos actes qui nous valorisent ou non. Enfin, en réalisant « Qui nous sommes vraiment », lorsque nous cessons de nous identifier au besoin d’intégration et à celui d’être aimé par tout autre que soi. Car pourquoi devrions-nous « être aimés par autrui » ? Pourquoi ce besoin viscéral, compulsif d’amour ? La réponse est évidente : puisque on ne s’aime pas soi et que le manque d’amour tue plus surement qu’une balle tirée en pleine tête, nous n’avons d’autres choix que de forcer la main aux autres, de les obliger à nous aimer coûte que coûte, voire à ne plus tolérer qu’ils ne nous aiment pas ou qu’ils ne nous aiment plus. Ce qui, finalement, transforme l’être humain en un véritable mendiant de l’amour, s’il est de nature passive, soit en un tyran de l’amour, s’il est de nature active, arrogante ou même violente.
Serge Baccino