Les techniques du mal (Dossier – Première partie)

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forces de l'ombreD‘aucuns se diront, en lisant le titre : « Tiens, il donne des techniques pour faire le mal, à présent ? » En fait, nul ne peut compenser ou combattre l’action d’un ennemi, quel qu’il soit, sans le connaître vraiment et sur le bout des doigts. Hélas, il est un fait reconnu de tous les non-hypocrites, que les « forces terrestres de la lumière » sont aussi courageuses qu’une demi-douzaine de chatons apeurés se lançant à la découverte du monde, à un mètre du panier dans lequel ils viennent de naître, sous le regard rassurant de leur féline maman. Disons-le carrément : Les gens transparents à force d’être « lumineux », ont très peur du mal, ainsi que de tous ceux qui ont cette drôle d’idée de commettre les pires exactions sur la personne physique ou morale de « leurs frères. » Mais sans doute le peuvent-ils, faire du mal aux autres, justement parce qu’ils ne les considèrent pas  comme autant de frères ? On est en droit de le croire,  de le supposer, sans doute.

Or donc -et selon vous- qu’est-ce qui est le plus aisé, construire ou bien détruire ? Faire du mal et nuire rapidement et d’une manière efficace, ou faire « du bien aux autres » tout en se construisant, en quelques années, une solide réputation ? Inutile de vous manquer de respect en faisant mine de me répondre, car nous connaissons, vous et moi, la triste réponse, la seule réponse qui soit. Cette réponse que n’osent même plus invoquer les « forces du Bien » qui, pourrions-nous le croire, sont à l’origine même du franc succès que remportent les forces adverses, j’ai nommé : Celles de l’Ombre.

 

forces de l'ombre02Car vous ne le saviez pas encore, vous ne le saviez pas déjà ? Si Le Mal est si efficace, contrairement au Bien, ce n’est pas grâce au pouvoir inhérent à sa nature, destructrice en diable mais à cause de l’incompétence tragique des seconds. C’est par le seul fait de cette absence d’adversaire capable de s’opposer à lui, que le Mal retrouve, siècles après siècles, un si franc succès. Celui qui se présente seul à un concours de beauté, sera toujours assuré d’être le plus beau. Si nul ennemi potentiel ne se dresse face aux Forces du l’Ombre (ou même légèrement décalé sur la gauche) c’est parce que, depuis toujours, le bien ne sait que construire ce que le mal se fera ensuite une joie de détruire, avec une application et une célérité dignes d’éloges. Il n’est plus possible de jouer aux gendarmes et aux voleurs, lorsque plus personne ne souhaite revêtir la casquette, le masque et le baluchon qui désignent le voleurs. Bien trop de képis ! Et voici que le jeu s’arrête.

A l’évidence, le Beau et le Bien sont à la fois magnifiques et lumineux mais ils en deviennent grandiloquents à force d’inexistence. Le Beau, le Juste, le Noble, le Bon et le Bien, sont autant de lièvres dodus que l’on pourchasse sans jamais les rattraper vraiment. En faire des trophées est donc une toute autre histoire. Pourquoi est-ce Le Mal qui gagne toujours à la fin, n’en déplaise aux mystiques, aux cinéastes américains et aux sages, presque aussi inutiles que ce qu’ils sont émouvant à entendre, l’hiver au coin du feu ? La seule réponse possible est parce que Le Mal, lui, fait quelque chose et qu’il est aussi simple qu’efficace, tandis que Le Bien, quand à lui, demeure théorique ou au mieux verbal et réclame du temps ainsi que de multiples efforts.

Tout comme il est plus facile de détruire un château de cartes que de le dresser sans que tout s’écroule au moindre souffle d’air, de même est-il plus aisé de détruire l’œuvre des autres que d’en construire une soi-même, cela au risque qu’elle soit détruite par d’autres et à son tour. Ne plus rien faire et se contenter de parler de ce qui est mal et de ce qui devrait être fait par les autres, est devenu le sport favoris de ceux de la Lumière. Si cela continue, le mal se trouvera dans la situation intenable de ne plus rien trouver à détruire sur son chemin. Ce qui serait un moindre mal pour les  » forces «  à l’aveuglante clarté dont personne ne sait plus quoi faire et dont plus personne ne veut vraiment.

Mais peut-on vraiment parler de « force » à propos de ce qui, sa vie durant, demeure assis pour ne pas dire couché ? La personnalité est devenue une personne alitée et rien d’autre. Et ceux qui se tiennent encore debout ne tiennent plus d’outils mais des armes, ne lancent pas de baisers mais des grenades. Et si le combat cessait brusquement faute d’adversaire au Mal ? Cela serait un terrible coup porté aux forces de l’Ombre, car celui qui est fait pour détruire ne saurait cesser de le faire et, en fin de compte, finit un beau jour par se détruire lui-même, faute de matériau extérieur. Alors voilà la victoire des forces de la Lumière ! La voici victorieuse à force d’inexister ! Puisque l’ennemi vient de s’abattre lui-même, faute de combattants, la bataille ne peut que prendre fin.

 

forces de l'ombre03Mais la Lumière n’a pas gagné : Le suicide de l’ennemi ne saurait compter pour victoire. Surtout quand on sait que des deux présumés antagonistes, l’un d’eux seulement avait à cœur de participer aux combats tandis que l’autre fuyait se réfugier dans « la spiritualité. » Un seul des deux Agissait tandis que l’autre ne se battait que contre des ombres ou contre un ennemi qui n’existait qu’en esprit et pour lui seul. Un esprit Ô, combien inefficaces, l’esprit de celle ou de celui qui jamais n’aura seulement accepté de Jouer le Jeu. Pourquoi diable dans la Bible même, est-il écrit que « Dieu vomit les Tièdes » ? On se le demande !

Puisse cette diatribe ne jamais servir à flatter ceux qui se placent toujours et nécessairement du côté où brillait déjà la Lumière. Une Lumière héritée de celles et de ceux qui, dans un lointain passé, ont Osé avant eux allumer un véritable Feu. Puisse-t-elle encore moins leur laisser croire, qu’ils puissent hériter un jour du moindre de mes respects.

 

Serge Baccino