Les premiers mystiques de l’Inde furent bien embarrassés lorsqu’ils réalisèrent que puisque « Seul existe l’esprit », ils étaient forcément l’esprit eux-mêmes. En effet, outre le fait déjà assez dérangeant en soi (si j’ose dire) d’apprendre brusquement que l’on existe pas vraiment (lol) ils durent également accuser un autre choc bien plus important : s’ils n’étaient pas des hommes, ils étaient forcément des dieux, attendu que l’esprit est Dieu. Dès cet instant naquit deux grands courants de pensée : ceux qui furent ravis d’apprendre cela et s’empressèrent de crier « Je suis Dieu ! » Avec tout ce que cet état d’esprit peut entraîner comme risques psychologiques et ceux qui s’effrayèrent tout seuls à la seule idée sacrilège de se prendre un jour pour ce qu’ils n’étaient pas.

Pour celui qui connaît vraiment l’Esprit de l’Inde non pas en tant que touriste de l’esprit mais de l’intérieur, il est toujours facile de ressentir ces deux grands courants dont l’un, plus dévoyé que l’autre, donna naissance à ces fameuses castes dans lesquelles les prêtres initiés tiennent, encore de nos jours, la plus haute et enviable place. On ignore par quel tour de passe-passe ces prêtres ont pu répandre l’idée que certains étaient « plus Divins que d’autres » mais on peut sans grand mal s’imaginer que tous ceux qui accueillirent avec une joie illimité cette idée d’être des dieux ou « d’être Dieu », n’eurent pas trop de mal à faire passer tous ceux qui craignait les affres d’un orgueil démesuré, pour des moins dieu que Dieu, voire pour « des pas Dieu du tout. » (en franskrit dans le texte.) Pourtant, bien avant cette époque de castes (4000 avant J.-C.) des hommes d’une rare intelligence et à l’esprit pénétrant et pur, tentèrent de concilier un apparent paradoxe lorsque l’esprit de l’homme s’y retrouve confronté. Si seul existe l’esprit et que l’esprit est Dieu, alors l’homme serait Dieu également ?

« Pas nécessairement », proposèrent ces hommes intelligents, « il semble plus raisonnable d’inverser la proposition et dire que c’est Dieu qui est l’homme, et non l’inverse ! »

Si on adopte cette nouvelle prémisse, un brin moins arrogante et bien plus logique, on réalise que c’est Dieu (l’esprit, donc) qui EST tous les hommes tandis qu’un homme ne saurait être tous les hommes et donc, nécessairement, ne saurait être Dieu dans son entièreté. Ni dans sa partie, ajoutèrent ces hommes intelligents, avec un sourire. Pour le moment, l’homme est fait de Dieu sans être pour autant une partie à la fois consciente et active du « Tout-Esprit » (Dieu.) Car pour être une partie de Dieu, encore faut-il en être CONSCIENT et agir ensuite en conséquence ! En effet, puisque « Tout est esprit et (que) l’esprit est Dieu », alors même ce clavier sur lequel je frappe sans aucune pitié, est Divin lui aussi.

En fait, Dieu est ce clavier qui, hors de l’esprit Divin, n’a aucune conscience d’exister ni en tant que clavier, ni en tant que l’esprit qui est Dieu. La conscience de la vérité que « Tout est fait d’esprit » est ce qui engendre la différence entre un clavier de PC et un Maître Spirituel. Si l’idée vous séduit, alors c’est que vous êtes déjà plus libre, mentalement, que ce que vous en avez conscience. Si l’idée vous choque, puisse l’Esprit, en vous, prendre rapidement les commandes !

Serge Baccino