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Origine du Mensonge à soi
La psy éso parle souvent du « Mensonge à soi » et insiste beaucoup sur cette partie de l’enseignement psychologique, dans sa partie dite comportementale. Qu’est-ce que le Mensonge à soi ? A première vue, il paraît difficile de réussir à se mentir à soi-même, n’est-ce pas ? Mentir implique nécessairement de savoir que l’on ment. Se mentir également. Mais ces termes, apparemment impropres pour ne pas dire illogiques, cachent une profonde crainte de devoir assumer un ressenti jugé négatif, lorsqu’il n’est pas carrément condamné. Comment un être peut-il en arriver à cet état de négation de ce qui est pourtant clairement ressenti, du moins au début ? Comment avoir seulement envie de nier un ressenti ? Cela nous semble improbable. Cela parce que la question est mal posée et implique donc une réponse illogique ou inacceptable.
Pourtant, la plupart des parents, et peu importe leur volonté ou leur désir sincère de « bien faire », tombent rapidement et facilement dans le piège psychologique du Mensonge à soi, lors de cette période durant laquelle il leur est loisible de répondre aux enfants qui essayent de comprendre pourquoi on leur demande de faire des choses pour lesquelles ils n’ont aucun goût voire aucun intérêt immédiat. Presque tous les parents aimeraient que leurs enfants réussissent à l’école et décrochent, plus tard, « un bon emploi », si possible très bien payé, leur offrant une vie aisée, surtout lorsque sera venu le temps, pour eux, de « fonder une famille. » Comprendre de faire comme maman et papa, en somme.
Que ce soit pour aller se coucher alors qu’ils n’en ont pas envie, de rater à la télé les dessins animés que des abrutis font passer à des heures indues, pour venir manger à table quand ils n’ont pas faim ou pour obéir à des ordres qui ressemblent plus à des punitions qu’à des actions répondants à leurs propres attentes, les enfants ont très vite la sensation qu’il leur est demandé de faire des efforts. Autrement dit, de se forcer eux-mêmes et volontiers, voire avec le sourire, à faire des choses qui ne les intéressent pas ou pour lesquels ils n’ont aucun intérêt.
Ici, l’idée n’est pas de définir si cette démarche pédagogique est bonne ou mauvaise mais de RECONNAITRE, en se plaçant du point de vue des enfants, une fois n’est pas coutume, que ce qui exige un effort est nécessairement désagréable. Du point de vue de l’enfant, il va de soi. Mais rarement du point de vue des parents, ce qui va beaucoup moins de soi !
Et là se situe le problème et la source de tous les Mensonges à soi ! Car aucun parent ne désire passer pour un monstre ou pour un mauvais parent (expression qui ne veut rien dire, mais bref.) N’importe quel adulte à peu près équilibré et sain d’esprit, est capable de reconnaître, ne serait-ce qu’à voix basse, que les ordres que reçoivent les enfants sont pour eux plus des fardeaux, des peines ou même des punitions, que des moments agréables à vivre. Si vous êtes capables de comprendre ça, vous êtes alors aptes à comprendre la suite. Mais si vous faites parties de ceux incapables de comprendre, d’admettre ou d’accepter l’idée au moins, alors mieux vaut pour vous d’aller boire un café plutôt que de continuer à lire cet article, car la suite va très certainement beaucoup vous énerver !
Pour ne blesser la vue (la susceptibilité) de personne, nous dirons que la suite ne s’adresse qu’aux autres, évidemment, et non à ceux qui prennent le risque calculé de lire mes articles qui eux, sont irréprochable en toutes matières. Le contraire se saurait. Or donc, certains parents ont la mauvaise idées (en fait, l’habitude) de lancer à leurs enfants des lieux communs de ce genre : « Si tu ne fais pas d’efforts dans ta vie, tu n’auras jamais rien ! » Ou autre joyeuseries du genre, qui ne casse absolument pas le moral des enfants qui commencent ainsi leur apprentissage de la vie sur des bases tout à fait enviables ! Du moins, sur celles à partir desquelles les parents ont pu construire une vie réussie et épanouie, comme il ne viendrait à l’idée de personne d’en douter ne serait-ce qu’un instant. Je suppose que l’on se comprend plus ou moins ? Cool !
Ainsi, l’enfant apprend très jeune deux choses primordiales pour sa carrière d’être humain équilibré et sain. La première, que dans la vie, il faut fournir des efforts pour obtenir le nécessaire. La seconde, que ces efforts seront aussi agréables que ceux réclamés à renfort de menace, de cris, de punitions ou de chantage affectif, durant sa prime enfance. Il est clair que cela donne tout de suite envie, non ? Mais au fait… Pourquoi devrions-nous « faire des efforts » pour chaque choses utiles, agréables ou même indispensables pour notre vie ? La psy éso enseigne qu’en réalité, c’est exactement l’inverse, qui est vrai ! Quand on fait des efforts, on n’obtient rien, car tout ce que nous devons obtenir étant déjà dû, pourquoi devrions-nous faire des efforts ? Devons-nous fournir des efforts pour que notre cœur puisse battre, pour respirer ou même pour digérer ? N’est-ce pas là des processus aussi naturels que parfaitement rodés ?
Ce schéma mental est très vieux et très répandu, même de nos jours. Il provient du désir des parents de s’affilier la volonté et les efforts de leurs enfants afin de mieux cacher leurs propres incompétence à être tels qu’en vérité. La véritable version devrait donc être : « Si tu ne fais aucun efforts pour me satisfaire, n’attends plus rien de moi ! » Ce qui serait au moins plus honnête et ne pourrirait pas ensuite la vie de beaucoup de jeunes gens. Voilà comment débute le Mensonge à soi. Si les parents acceptaient d’assumer les véritables idées ainsi que les ressentis qu’elles font naître en eux, leurs enfants auraient la paix. Les parents ne désirent pas avouer quand ils sont fatigués ou quand il est de LEUR intérêt à eux que l’enfant fasse ou ne fasse pas quelque chose. Les enfants sont alors obligés d’assumer toutes les responsabilités, y compris celle de ne pas avoir envie d’obéir (par exemple) et devront culpabiliser, si possible, cela afin que leurs géniteurs conservent une âme pure et fraîche. Si la vérité était assumée puis exprimée à l’enfant, il comprendrait alors et sans effort, que dans la vie, il devra parfois assumer sa propre humanité, comme le lui montre l’exemple de ses parents, et parfois, attendre des autres qu’ils s’assument eux-mêmes et comme des grands !
Mais ce n’est pas ce que l’enfant enregistre dans sa subconscience, Oh non ! Dans cette subconscience, on trouve des combats intimes douloureux, des remords, des doutes, des craintes, la peur de déplaire, de ne pas valoir grand chose, etc. Et tout cela pourquoi ? Parce les enfants sont culpabilisés d’office dès qu’ils refusent d’obéir, de se plier aux règles. On leur fait bien sentir, même si ce n’est pas le but (comme on s’en doute bien), qu’ils ont nécessairement tort, puisque les parents ont toujours raison ! La preuve, qui a le dernier mot, à la fin ? Hum ? Revenons un peu sur ce refus de beaucoup de parents d’assumer… Leur propre humanité, tout simplement et en fin de compte. Par exemple, le père rentre du travail, il est fatigué, l’enfant est un peu turbulent et le père, agacé, lui demande s’il a fait ses devoirs. L’enfant répond que oui, il les a fait. Le père insiste alors pour qu’il retourne contrôler si tout est exact, s’il n’a rien oublié, si tout est juste, etc. Le but étant que ce sale mioche se barre dans sa chambre, OK ? L’enfant se retire en boudant et le père peu alors souffler. Du côté du père, il est clair que le refus d’exprimer le ressenti réel est basé sur le fait qu’il se voit mal en train de demander à son gosse de se la fermer parce que lui, le papa, est fatigué et que son gosse lui court sur le haricot, avec ses glapissements !
Du côté de l’enfant, ce qui se passe alors est proprement dramatique ! Il était pourtant plus simple et surtout, plus honnête, de dire clairement au gamin que ses cris font ch… Suer papa ! Plus prudent, surtout. Car ce que l’enfant va comprendre, croire et donc, enregistrer fidèlement pour plus tard, c’est que son père ne l’aime pas, la preuve ? Il le fait aller dans sa chambre à peine arrivé du travail afin de ne pas le voir ! En plus, il n’a aucune confiance en lui car il doute de sa capacité à faire ses devoirs, voire à dire la vérité à ce sujet ! Voilà de bien gros dégâts psychologiques pour une simple fatigue très compréhensible par ailleurs ! Oui mais voilà : papa doit être un surhomme, jamais fatigué, jamais pris au dépourvu, une sorte de dieu vivant qui n’a pas grand chose d’humain, finalement !
Et le pire c’est que ce n’est sans doute pas ce que le père désire faire croire à son fils ! Et il n’a également nulle intention de le vexer ou de lui faire sentir qu’il pense de lui qu’il est un moins que rien ! Oui mais voilà : raisonner en tant que père et donc, en tant qu’adulte mais à la place de l’enfant, est peu intelligent en vérité ! Pour comprendre un enfant, il faut raisonner et ressentir comme le font les enfants, et non décider que « les choses sont ainsi et un point c’est tout ! » Comme répondent certains parents pour couper court à toute discussion.
Pourquoi refuser d’assumer un ressenti ? Réponse : parce qu’il n’est pas agréable ! (fallait y penser, je sais, je sais…) Mais dans ce cas, s’il n’est pas agréable et qu’il est issu d’une pensée ou idée quelconque, comme le signifie clairement une des lois du fonctionnement de l’esprit, cela signifie que cette pensée ou idée est mauvaise ! Et dans ce cas, ne pas vouloir assumer deviendrait naturel et même sécurisant. Sans compter que cela nous permettrait de connaître les idées à conserver ainsi que celles à rejeter au plus vite ! Ce qui ferait des vacances aux enfants, éduqués à partir du Mensonge à soi installé et conservé dans la subconscience de leurs géniteurs ! Hélas, comme indiqué en amont, rares sont les parents désireux d’assumer leur humanité.
Et encore plus rares ceux qui acceptent de la laisser s’exprimer devant leurs enfants ! Un parent se doit d’être fort, irréprochable, comprenez-vous ? Ah bon ? Parce que cette bestiole rare existerait, sur Terre ? On est en droit de se le demander.
Le problème c’est que l’enfant le croit ! Il en arrive à la conclusion logique que puisque ses parents ont toujours le derniers mots, c’est qu’ils doivent avoir toujours raison. Et avoir toujours raison est assez proches de ne jamais avoir tort, n’est-ce pas. Le problème est que si les parents ont toujours raison, alors il ne reste plus à l’enfant que ce second rôle peu enviable d’avoir toujours tort. C’est du moins la prémisse logique dans un Monde géré par la dualité. Et lorsque l’enfant devient adulte et père à son tour (ou mère), il lui est offert sur un plateau une chance unique d’avoir enfin le rôle le plus glorieux, à savoir celui du parent qui a toujours et nécessairement raison et qui est irréprochable en tout et pour tout ! Ouf, il n’aura plus à jouer ce rôle merdique au possible ! Youpi ! Euh… Mais au fait… Qui va devoir se farcir le rôle inverse, désormais ? Croyez-vous qu’il va pleuvoir, demain ? Comment vont vos plantes grasses, au fait ? Parlons plutôt de choses intéressantes, voulez-vous ?
Serge Baccino