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Pauvre du moi
Ce qui en l’être humain aime ou déteste est le « moi. » Le « moi » aime ce qui le rassure et déteste ce qui met en péril sa vision des êtres et des choses. Le « Moi-Idéalisé » ou « moi » de procuration, est donc là pour tenter de compenser voire de remplacer, en le niant, ce qui est capable de déstabiliser le « moi ».
Mais à la base, le seul problème est que le « moi » a très peur d’être insuffisant, de ne pas faire le poids et en fait, d’être rejeté et jamais aimé pour ce qu’il est, à savoir encore très imparfait au vu du « Moi-Idéalisé » s’entend (M.I.) Ce dernier est finalement le vrai problème, puisqu’il se sert d’une vraie solution pour parvenir à ses fins. En effet, le M.I. montre au « moi » ce qu’il devrait être pour incarner son futur et bien sûr, dans l’idéal.
Mais le futur ne peut pas être incarné au présent, et ça, le M.I. se garde bien de le signaler au « moi ». La solution à tout ce merdier est finalement très simple : il faut intervenir, se positionner entre les deux et faire savoir au « moi » qu’il est très bien tel qu’il est et surtout, « en l’état ». Que de toute façon, il ne pourrait pas être mieux que ce qu’il réussit déjà à être. Et ce qu’il réussit à être est exactement ce qu’il devrait être pour le moment.
Face à cet aveux inespéré, le « moi » va tout d’abord se détendre puis, à force, se sentir aimé en l’état. Il cessera donc d’écouter les prétentions du M.I. qui elles, sont impossibles à assumer. Et il en est la preuve vivante ! En somme, aimer le « moi » tel qu’il est pour le moment, tout en lui rappelant qu’il ne saurait demeurer, même en le voulant, tel qu’il est déjà, va démystifier toute trace de recherche de perfection et donc, va supprimer le stress qui lui est associé.
Car le seul problème du « moi », c’est qu’on lui a fait croire, depuis le début de son existence, que ce qu’il était n’était pas suffisant. Et comme le « moi » a un besoin irrépressible d’être aimé, il en a déduit tout naturellement que pour être « aimable », c’est-à-dire « digne d’amour », il lui fallait « faire des efforts » et cela, constamment.
C’est cette recherche d’idéal qui a donné naissance au « Moi-Idéalisé » puis ce dernier a repris le flambeau, en incarnant la demande des parents, de l’école, des employeurs, de toujours « faire plus », de toujours chercher à « faire mieux. »
Lorsque le « moi » est de nouveau persuadé que tout va bien, qu’il est exactement ce qu’il doit et peut être dans ce moment présent, il se détend et devient de nouveau accessible à l’amour. Et finalement, il arrive et pour ainsi dire à non pas s’aimer lui-même, ce qui lui est impossible, mais de ne plus avoir ce besoin irrépressible d’être aimé et accepté, issu de cette idée de ne pas être suffisant.
Serge Baccino