Pourquoi il est si difficile d’évoluer vraiment – Dossier

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Pourquoi il est si difficile d’évoluer vraiment

Première partie

La psychologie ésotérique (ou « psy éso » pour faire court) ne s’embarrasse pas de termes ou de mots bien arrêtés. Elle se contente d’user de termes et d’exemples qui soient accessibles à la mentalité européenne. Ce qui compte, à ses yeux, c’est de SE FAIRE COMPRENDRE, et non d’affirmer qu’un concept ésotérique doit absolument être nommé d’une manière précise.
Cela dit, il est évident pour qui a déjà les yeux ouverts, que certains termes ont été hélas par trop galvaudés et qu’il devient difficile, pour le chercheur honnête de vérité spirituelle, de s’y retrouver dans cette forêt de dénominations différentes censées nommer des choses identiques. Cela nous fait un peu penser au symbolisme de la Tour de Babel ! Peu de gens, même parmi les spiritualistes reconnus et plébiscités, sont capables, de nos jours, de faire la différence entre certains concepts pourtant très clairs et simples par ailleurs. Cela est dû au fait que chaque nouveau spiritualiste « montant » et qui désire s’extraire du lot et donc, tirer son épingle du jeu, comme on dit, se croit dans l’obligation d’inventer de nouvelles dénominations pour désigner des choses qui en possèdent déjà et ce, depuis fort longtemps.

 

L‘ésotérisme, qui est la science de la partie la plus intériorisée de l’âme humaine, a bien essayé, au cours des siècles, de proposer un code précis et définitif de dénomination. Pour se faire et en toute logique, elle se servait et se sert encore, de l’étymologie. Et elle essaye toujours de proposer une version unifiée, ne serait-ce que par le truchement de la psy éso. Ainsi et par exemple, il existe une différence entre l’âme et l’identité spirituelle, c’est-à-dire la partie immortelle de l’être. L’âme, c’est « ce qui nous anime », du Latin « animus » qui signifie « esprit », et « anima », qui signifie à la fois « souffle » et « force vivante et sensible. » L’âme se résume donc à nos pensées et à nos émotions et consiste en ce que nous appelons nos processus mentaux ou notre état d’esprit, si vous préférez, le premier formant le second.

Mais il n’y a rien de restrictif à ces dénominations; il s’agit juste d’une tentative pour simplifier les rapports humains entre chercheurs de Lumière. L’ésotérisme ou Science de l’âme, existe depuis des millénaires et il semblerait naturel que tout nouvel arrivant sur la scène du monde de la spiritualité, s’y réfère de bonne grâce. N’exigeons-nous pas, dans l’étude purement académique, de « citer nos sources » ? Il est dommage que cela ne soit pas exigé en spiritualité. Bien que la raison de cette difficulté à se référer à ce qu’ont fait les autres auparavant, soit quelque chose de pénible pour le « moi » de la plupart des spiritualistes ! Du moins est-ce là une version polie m’évitant de me montrer encore plus précis.

 

La psy éso parle de souvent du « moi » mais aussi bien, du « moi social » ou encore « moi humain » (plus rare), ces trois dénominations possédant un sens identique, visant un même niveau spécifique de notre être global. Employer ce terme (le « moi ») pour désigner cette partie de notre être en connexion directe avec l’évènementiel ou « monde extérieur », nous semble parfait si l’on sait que notre personnalité est très fortement teintée (pour ne pas dire mieux) par son environnement immédiat et, bien sûr, par les expériences nombreuses rencontrées depuis ce que l’on nomme d’une manière générique « le relationnel. » Et c’est justement au sein même de ce relationnel, de nos échanges constants entre « les autres » et nous-même, qu’apparaissent toutes sortes de conflits plus ou moins violents et plus ou moins durables.

À ce point qu’il est devenu évident, aux yeux de toute personne un minimum censée, qu’il devient urgent d’y trouver une solution pratique. Philosopher n’est plus ni de notre ressort, ni d’ailleurs de notre intérêt. Même si certains persistent encore à « évoluer seulement en esprit », comme on le dit en psy éso.

 

Cela fait des centaines d’années que l’homme cherche à influencer son voisin dans l’espoir immature de le ranger à sa propre façon de penser. Bien sûr, en retour, ce même homme refuse catégoriquement de faire les frais d’une telle tentative de planification mentale. Ce qui a pour effet que depuis toujours ou presque, chacun attend que l’autre ou pire, les autres, se rangent à son propre état d’esprit. Et comme chacun entretient cette même idée de changer les autres, que ce soit ouvertement (les tyrans) ou en secret (les hypocrites et manipulateurs), les choses ne peuvent donc pas avancer. Si vous en doutez, essayez donc de changer les personnes dont l’état d’esprit vous chagrine puis revenez me voir pour en discuter !

Certains sont même convaincus qu’il faut tenter à tout prix de réformer le caractère présumé « défectueux » des autres, que ce sont eux qui ont un problème et que c’est donc à eux qu’il revient de « produire des efforts » en conséquence, se chargeant ainsi de faire le premier pas. La « preuve » invoquée par celui qui réclame un changement chez autrui, c’est « qu’il a perçu sa misère mentale ! »

 

Arrivé à ce degré de mauvaise foi galopante, il ne nous reste plus qu’une solution, que le commun des mortels pressent, certes, mais hésite à seulement évoquer. Voici cette solution qui est le juste opposé à celle que nous tentons tous en vain de produire, depuis des décennies : « Et pourquoi ne pas tout bêtement essayer de se changer soi-même, en laissant aux autres la liberté d’en faire autant mais s’ils en ont envie ? » Certains s’insurgent et dressent immédiatement des barricades : « Oui mais alors et dans ce cas, nous risquons d’être le seul à changer et voir l’autre demeurer ce qu’il était déjà ! »

Voici la réponse de la psy éso : « Et quand bien même ? Qui se plaint de sentir, forcément en lui-même, que quelque chose ne va pas ? Qui de ce fait devrait s’occuper de ce sentiment intime et cesser de projeter ce dernier sur les autres avec l’intention de se débarrasser de toute forme de responsabilité face à ce qui est pourtant bien ressenti en lui ? »

 

Vous remarquerez que ceux qui exigent de nous que nous changions, semblent fortement agacés par ce qu’ils ressentent en nous observant vivre. Il ne leur viendrait jamais à l’idée qu’il suffirait qu’ils travaillent sur ce ressenti et en cherche l’origine en eux-mêmes, ce qui leur permettrait de demeurer eux et de nous laisser rester nous-mêmes. Pourquoi refusent-ils d’inverser la vapeur et tenter de se réformer eux ? La réponse est évidente : parce qu’ils croient qu’ils n’y arriveraient pas, même s’ils y mettaient tout leur cœur ! Partant, ils se retrouvent bien placés pour savoir la chose irréalisable et préfèrent nous refiler le bébé en exigeant de nous que nous réussissions là où eux sont certains d’échouer ! Bonjour la logique et bonjour le sens des responsabilités !

L’ésotérisme et donc, l’enseignement de la psy éso, son digne successeur dans nos temps modernes, expliquent que la seule manière de changer le monde, c’est de cesser dans un premier temps de réclamer aux autres des efforts que nous sommes bien incapables de produire nous-mêmes, puis de rechercher tranquillement les causes profondes de notre croyance en notre impuissance à nous transformer. Le Monde est fait de plusieurs milliards de personnes. Si chacune d’entre elles décide de se prendre en main, de ne plus craindre de devoir s’assumer et ne redoute plus d’éventuels échecs, elle aura franchi un grand pas. Il lui restera alors à rechercher honnêtement la racine du mal qui ronge chacune de ces personnalités humaines. Et que trouvons-nous à la racine du problème responsable de tant de souffrances inutiles ? Nous trouvons… Une croyance !

 

Mais ne nous abusons pas en nous fiant à la seule dialectique : cette croyance-là, qui chapeaute les autres et les rendent totalement inaccessibles, n’est pas une croyance ordinaire. Il ne faudrait pas croire qu’il suffit d’en prendre connaissance, de pouffer de rire face à son degré de naïveté, puis de la changer immédiatement et sans le moindre effort !
Cette croyance-là est différente des autres du fait qu’elle est basée en totalité sur le constat de milliards de personnes dans le Monde et depuis des millénaires ! Inutile de préciser le pouvoir vital acquit par l’égrégore mental qui la sous-tend ! Des générations de chercheurs de vérité s’y sont cassé les dents dessus. Et il y avait de quoi !

Très bien, mais quelle est la teneur de cette croyance diabolique ? On pourrait la résumer ainsi : le « moi » est persuadé, cela en se fiant à sa propre expérience depuis l’enfance, qu’il n’a AUCUN POUVOIR sur la vie et sur son destin, qu’il subit seulement et doit se contenter de ces moments bénis durant lesquels ce qu’il désire correspond enfin à ce qu’il rencontre comme expérimentation. Imaginez ce qui se produit quand arrivé à l’âge adulte, il constate que cette règle est valable pour tous ! Il en arrive rapidement à la déduction que ceux qui font mine de maîtriser ceci ou cela ont seulement réussi à s’abuser eux-mêmes et à abuser les plus naïfs. Ou presque. Car tôt ou tard un « moi » vaniteux se ramasse en beauté et perd alors toutes formes de crédibilité auprès des autres.

Essayez, à présent, de changer, d’évoluer seulement, avec en arrière-plan de votre subconscience, cette certitude absolue de n’être rien, de n’avoir aucun pouvoir décisionnel ! Cela au point de devoir régulièrement vous prostituer auprès de ceux qui ont réussi à vous faire croire qu’ils ne portaient pas en eux une même malédiction ! Il est clair que le « moi » humain part perdant dans ce genre d’entreprise (se réformer soi) puisqu’il ne trouvera pas, en lui, la force nécessaire de produire une chose que même sa conscience subconsciente refuse de croire possible !

Pour bien comprendre le sujet et avant de définir quelque solution viable, il est PRIMORDIAL que les lecteurs de cet article comprennent le côté « poignant » voire révoltant d’une telle croyance si bien cachée au cœur même de l’être. Ils doivent aussi ne pas tomber dans le piège fatal du « OK, j’ai lu, c’était intéressant, où vais-je aller maintenant ? » Ils doivent absolument SE SENTIR concernés, même si pour cela ils doivent se référer à une multitude d’échecs cuisants qu’ils préféreraient oublier. Lire et comprendre avec le seul intellect n’a aucune valeur. C’est même très dangereux pour l’équilibre psychologique ! L’intellect a vite fait de vous faire confondre « Je sais à présent » avec « Le problème est donc réglé, inutile d’y revenir. » Comprenez-vous bien les risques ? Ce que nous résumons par « vivre et évoluer en esprit, mais jamais en vérité » ? Espérons que oui ! Et si vous vous sentez vraiment concernés par ce que vous avez lu, ci-dessus au sujet de ce cruel sentiment d’impuissance qui accable l’essentiel de l’humanité, alors vous pourrez apprécier, à leur juste valeur, les explications qui vont suivre.

 

Nous disions donc que le « moi » est persuadé de ne posséder aucun pouvoir ni même aucune liberté. Du coup et par extension, il ne lui fallait franchir qu’un pas pour en arriver à la conclusion « logique » (pour lui) que forcément, son bien-être et sa liberté dépendent… Des autres ! Depuis la prime enfance, chacun de nous a eu largement le temps de remarquer que la seule chose attendue d’un enfant et son obéissance aussi absolue que constante. Il ne « croit » pas seulement ne pas être libre : il le constate chaque jour et en devient de ce fait irrémédiablement convaincu. C’est très différent d’une simple croyance que l’on peut annuler du fait de certains changements majeurs dans notre vie : là, il s’agit de toute autre chose, à savoir, D’UN CONSTAT PERMANENT !

Il serait possible de se déprogrammer automatiquement, en constatant, les années passant, que la vie d’adulte nous octroie des libertés et des responsabilités proprement impensables durant la période de la prime enfance, mais… Ce n’est pas le cas ! C’est même l’inverse qui se produit !

Quelques exemples simples mais sans appel : avez-vous la liberté de ne pas aller travailler sans en subir les conséquences ? Avez-vous la liberté de vous exprimer et de dire tout ce que vous avez envie de dire et ce, à n’importe qui, n’importe quand ? Pouvez-vous décider librement de ne plus payer d’impôts, de ne pas stopper votre véhicule quand un gendarme vous intime de le faire ? Pouvez-vous vous marier puis changer d’avis et fréquenter d’autres femmes, librement et ouvertement ? Les exemples sont infinis ! Si vous prenez le temps de passer en revue TOUTES les OBLIGATIONS qui s’imposent à vous, votre vie durant, qu’elles soient morales, sociales ou même physiologiques, avez-vous vraiment l’impression de contrôler quoi que ce soit ?

 

Soyons bien clairs : l’idée n’est pas de définir si certaines de ses obligations sont « normales » ou s’il s’agit d’un inqualifiable abus de pouvoir ! L’idée est de reconnaître, ou pas, que comme tout un chacun, vous n’avez aucun pouvoir ni même aucune liberté. Si vous n’êtes pas encore rendu à ce point de prise de conscience, gageons que la suite et fin de ce Dossier ne vous servira strictement à rien ! Vous aurez même envie d’en discréditer le contenu.
Ce qui serait surtout une preuve que quelque chose, en vous, refuse de reconnaître les faits pourtant évidents. À l’inverse, si vous avez bien tout suivi et que vous avez même ressenti ce terrible fardeau psychologique que représente ce sentiment d’impuissance totale (ou presque) et cette absence outrancière de liberté, alors vous allez pouvoir un peu souffler en vous intéressant à la suite de ce dossier, qui fera office de partie technique.

 

(à suivre dans la seconde partie.)

 

Serge Baccino